
L’attentat qui a frappé ma ville mardi a jeté un voile, a fait couler des larmes et a soulevé de nombreuses interrogations, comme à chaque fois qu’une telle tragédie s’abat sur des innocents.
Alors, cette semaine j’ai ouvert les yeux et mon coeur encore plus grand que d’habitude et, plus que jamais, j’ai voulu donner une réalité à notre belle devise nationale. Cette semaine aussi, malgré le chaos, il y a eu de jolis moments.
Le ciel était particulièrement beau, l’autre matin. Il était rose, doux. Un vrai ciel d’hiver. Et puis on a eu un magnifique lever de soleil, tout rouge. Il a neigé et la ville était belle, comme enveloppée dans du coton. La douceur après l’horreur en quelque sorte. Comme un message d’amour et d’apaisement de la part de la nature à l’humanité.
J’ai croisé Emmanuel, un ex-voisin, qui était pressé, certes, mais aussi tout sourire. J’ai croisé Assma, ma jeune collègue, alors que j’allais à la gare et qu’elle était en partance pour un déplacement pro.
J’ai mangé des sushis avec mes collègues. On a aussi mangé ensemble à l’occasion du repas de Noël de la cantine.
Un ado m’a dit bonjour dans le train. Et avec le sourire !
J’ai répondu à une offre d’emploi. Mon ami Farid, lui, a décroché un nouveau job.
J’ai rendu visite à Caroline qui tient un chalet sur le marché de Noël (et qui a entendu les coups de feu mardi soir…). Et j’ai fait la bise à Isabelle qui travaille dans une boutique située non loin de la rue des Orfèvres (où le terroriste a fait des victimes).
J’ai pris un petit-déjeûner en ville avec Muriel et puis on est allé se recueillir là où des innocents ont été blessés ou tués mardi. Et puis on a fait une autre pause dans un café, histoire de nous remettre de ces émotions et de célébrer notre amitié. Et la vie, oui, oui, rien de moins ! J’ai pris un thé avec mon amie Aurélie qui a aussi eu son lot de chagrin cette semaine. J’ai la faiblesse de croire que je lui ai apporté un peu de réconfort. Je lui ai aussi prêté deux livres (j’adore porter la bonne parole !). J’ai rendu visite à Maman. Et puis j’ai passé une agréable soirée avec Christelle, Emily, Félicie, Kevin, Louise et Viviane. On a bien mangé, bien bu et bien ri aussi. Je l’avoue, on s’est moqué tout au long de la soirée Miss France. Qu’est-ce que ça nous a fait du bien ! Nicolas m’a dit qu’il a récemment porté une veste qui a appartenu à mon père et ça m’a profondément touchée.
J’ai allumé des bougies, pour apporter un peu de lumière à cette semaine bien sombre… J’ai laissé des mots aux enfants d’une des victimes de l’attentat, un Afghan qui avait fui les talibans et qui est tombé sous les balles à Strasbourg…
J’ai fait une sieste.
Les petits bonheurs de cette semaine sont beaucoup, et paradoxalement, liés à l’attentat. Il sont de ceux dont on se passerait volontiers… Ils s’accompagnent de larmes mais ne doivent pas nous faire perdre de vue l’espoir qui doit nous guider afin de construire un avenir lumineux, tous ensemble.