Ma revue ciné de septembre (enfin…)

Le temps file, c’est rien de le dire. J’ai quand même réussi à voir 3 films en septembre, 3 films dont je vous parle enfin.

J’ai vu Petit Pays d’Eric Barbier dont l’histoire se déroule pendant le génocide au Rwanda. Le film met le spectateur à la hauteur d’un enfant dont le père est français et dont la mère est tutsie. On y voit le quotidien d’une famille que les événements va décomposer, au fur et à mesure de l’avancée de la tragédie dans le pays. Les scènes de vie alternent avec les scènes de violence et on voit comment un peuple qui vivait ensemble se déchire après un coup d’état qui a plongé le pays dans le chaos. L’enfance insouciante en Afrique est joliment évoquée, ainsi que les rêves d’un jeune garçon qui menait une vie protégée avant les heurts entre ethnies. C’est un film qui ne me laissera pas un grand souvenir. Je trouve qu’il n’apporte rien par rapport au roman. Dommage…

J’ai aussi vu La daronne de Jean-Paul Salomé. C’est l’histoire de Patience Hortefeux, une interprète judiciaire qui se retrouve à la tête d’un immense trafic de drogue. C’est l’histoire d’une femme à la fois forte et fragile, animée par le goût de l’aventure et de la dissimulation qui va rendre fous ses collègues de la brigade des stups. Malgré les déguisements et les maquillages qui la rendent outrageusement visible elle parvient à filer au nez et à la barbe de la police qui ne peut imaginer la double vie de cette héroïne. J’ai adoré le jeu d’Isabelle Huppert qui porte cette comédie à elle toute seule.  J’ai aimé ce film qui est également l’adaptation d’un roman, principalement parce que je suis une grande admiratrice d’Isabelle Huppert que je considère comme la meilleure actrice française.

Et puis j’ai vu Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal. C’est l’histoire d’une femme qui entreprend une randonnée avec un âne, dans le but de rejoindre son amant. L’animal devient son confident, celui sur qui elle passe ses nerfs aussi. Le film est le portrait d’une femme amoureuse, impulsive et enthousiaste qui trouve son émancipation au fil du voyage. Cette héroïne nous insuffle une envie de liberté magnifiée par des paysages cévenols grandioses. J’ai aimé cette comédie en forme de conte pour son côté relaxant et la véritable bouffée d’oxygène qu’elle offre au spectateur.

Ces films ne sont pas des chefs-d’œuvre, loin de là mais ils se laissent gentiment regarder. Les avez-vous vus ? Qu’en avez-vous pensé ?

Ma revue ciné d’août (avec du retard)

On a coutume de dire qu’il ne se passe rien au ciné en été. Que nenni ! J’ai vu 3 films le mois dernier, rien que ça.

J’ai vu Madre de Rodrigo Sorogoyen. C’est l’histoire d’une femme dont le fils de 6 ans a disparu sur une plage par la faute d’un père irresponsable. On la retrouve 10 ans plus tard, dévastée par cet événement, quand elle rencontre un adolescent qui lui rappelle son fils et avec qui elle noue une relation ambivalente, entre sentiment maternel et sentiment amoureux. J’ai aimé le début du film qui impose une tension et le film dans son ensemble pour le trouble des sentiments et la douleur qu’il décrit. L’héroïne est en effet sans cesse partagée entre la maternité perdue, le deuil impossible et l’espoir de retrouver son fils. Je vous recommande ce film bouleversant, autant pour l’histoire que pour la profondeur des sentiments et le jeu parfait des acteurs.

J’ai aussi vu The perfect candidate de Haifaa Al Mansour. C’est l’histoire d’une jeune saoudienne qui décide de se présenter aux élections municipales alors qu’on lui refuse l’accès à un vol parce qu’elle n’a pas l’autorisation paternelle nécessaire, dans un pays où le patriarcat a la vie dure. On suit son parcours professionnel et électoral où elle est confrontée à la loi des hommes dont elle est victime mais qu’elle décide de ne pas subir. Elle a de la répartie et apporte sa fraîcheur et sa motivation au mouvement féministe qui frémit en Arabie Saoudite. J’ai aimé ce film de femme(s) qui n’oublie pas de dresser de jolis portraits d’hommes sensibles.

Et puis j’ai vu Mignonnes de Maimouna Doucouré. C’est l’histoire d’une fille de 11 ans qui vit à Paris avec sa mère et son petit frère et dont le père va revenir du Sénégal avec une nouvelle femme. Face à cette réalité, Amy se réfugie dans un groupe d’adolescentes, les Mignonnes, qui prépare un concours de danse aux chorégraphies très sensuelles. Le film met en lumière l’hypersexualisation des adolescentes et montre une jeunesse qui veut grandir trop vite. Ces jeunes filles sont tiraillées entre l’enfance et le début de l’adolescence et également entre deux cultures qui leur proposent des modèles féminins aux antipodes. Ce film est délicat et dérangeant mais quelque chose n’a pas fonctionné, je n’ai jamais réussi à vraiment entrer dans l’histoire. Dommage…

Avez-vous vu ces films ? Lesquels me conseillez-vous ?

Ma (petite) revue ciné de juillet

J’ai réussi à caser 2 films dans mon agenda du mois de juillet mais c’est dingue comme le temps file. Pfiou !

J’ai vu Les parfums de Grégory Magne. C’est l’histoire d’une femme nez qui a travaillé pour des maisons célèbres et qui a dû se rabattre sur des contrats moins prestigieux suite à un problème de santé. Anne Walberg, c’est son nom, est une femme égoïste, seule et cassante qui empoisonne la vie de son entourage jusqu’à ce que la rencontre avec son nouveau chauffeur la pousse à se remettre en question. Le film est basé sur la relation de ces deux personnages blessés, l’un pour des raisons professionnelles, l’autre pour des raisons personnelles. Ils s’apprivoisent au gré de leurs déplacements, de leur « cohabitation » jusqu’à presque travailler ensemble. En tout cas une certaine complicité s’installe entre eux, rendant chaque personnage plus humain, plus aimable. J’ai aimé l’atmosphère de ce film et la sincérité des sentiments des personnages principaux mais également des seconds rôles. C’est un film simple, sans grande action mais tout en subtilité, en ressenti. Et puis il y a une courte scène tournée dans un très bel endroit à Strasbourg, ce qui ne gâche rien !

Et puis j’ai vu Eté 85 de François Ozon. C’est l’histoire d’une rencontre, celle de David et Alexis, deux adolescents. L’un est autant fonceur et grande gueule que l’autre est réfléchi et posé. Le film démarre sur une scène simple mais marquante qui pose le thème du rapport à la mort d’entrée de jeu. Troublant ! Et mystérieux ! Le film raconte la découverte de l’amour, certes, mais aussi plus largement de la vie. La gravité, la douleur et la noirceur côtoient la joie, les émois et la lumière et emportent le spectateur dans une histoire à la fois intime et universelle. J’ai absolument tout aimé dans ce film. La narration faite de flash backs (ce qui me gêne d’habitude), la musique, les décors, les costumes, l’histoire évidemment, mais aussi les couleurs. La complicité des héros, leur charisme et leur charme m’ont littéralement emportée dans cette histoire forte aux sentiments joliment et intelligemment travaillés. Je suis sortie de cette séance comme si j’avais à nouveau 16 ans, pleine d’entrain et remplie confiance en la vie comme on l’est quand on est ado.

Je vous conseille ces films si vous aimez les histoires portées par des personnages opposés mais tellement complémentaires.

Ma (toute petite) revue ciné de juin

Je n’ai vu qu’un film en juin, certes, mais quel bonheur de retourner dans les salles obscures ! Ma dernière séance datait du 11 mars et cette coupure m’a paru longue, bien longue…

J’ai vu La bonne épouse de Martin Provost. C’est l’histoire d’un groupe de jeunes filles, élèves d’une école ménagère, en 1967. Elles y apprennent à tenir leur foyer et à se plier au devoir conjugal sans broncher sous la houlette d’une directrice dont les certitudes vont vaciller à la faveur de retrouvailles avec un amour de jeunesse et du vent de liberté annonciateur de mai 68. L’enseignement destiné à faire de ces jeunes filles des épouses irréprochables ne résistera pas à l’évolution des moeurs et à l’émancipation des femmes Les femmes passent de bonnes épouses à femmes libres avec une énergie communicative et bonne enfant. Cette comédie espiègle aux accents désuets souligne avec légèreté et fantaisie les archaïsmes de la société française d’alors et offre le plaisir de profiter d’un talentueux trio d’actrices (Juliette Binoche, Yolande Moreau et Noémie Lvovsky). J’ai aimé ce film qui met les femmes à l’honneur, dans une ambiance joyeuse qui pousse tout de même à la réflexion.

Et vous, avez-vous renoué avec le plaisir du ciné sur grand écran dès la réouverture des salles ?

Ma (petite) revue ciné de mars (ou la vie d’avant…)

J’ai réussi à voir 2 films en mars, avant le confinement, donc. Ces séances me paraissent loin, bien loin…

J’ai vu De Gaulle de Gabriel Le Bomin, un film dont l’histoire se déroule sur la période allant de mai à juillet 1940. Au printemps 1940 l’armée française subit de nombreux revers et les Allemands sont aux portes de Paris. Le colonel De Gaulle, bien qu’ayant repoussé l’ennemi, doit faire face à un gouvernement paniqué prêt à accepter la défaite. Le général nouvellement promu parvient toutefois à convaincre les dirigeants français qu’une négociation avec les Britanniques pourrait aboutir à une fusion salutaire et se rend donc à Londres d’où il lancera le fameux appel du 18 juin et la Résistance. Voilà pour le volet historique. Mais le film s’attache aussi à l’intimité du militaire qui apparaît fragile, assailli par le doute dont le libère bien souvent sa femme Yvonne et particulièrement attachée à sa fille trisomique qui lui insuffle du courage et qu’il souhaite faire soigner. J’ai beaucoup aimé ce film qui oscille entre histoire et intimité et qui offre une image humaine de cet homme qu’on résume à son statut de général, en omettant son humanité et sa sensibilité.

Et puis j’ai vu Filles de joie de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich. C’est l’histoire de trois femmes qui mènent une double vie. Elles se retrouvent chaque jour pour franchir ensemble la frontière belge et travailler dans une maison close. Elles deviennent alors d’autres femmes, des filles de joie qui se battent pour avoir un confort minimal et garder leur dignité. Elles se laissent croire qu’elles se satisfont de leur statut de prostituées mais leurs tenues affriolantes et colorées ne parviennent pas à dissimuler la détresse sociale, sexuelle et psychologique qui les tenaille. J’ai vu ce film en avant-première il y a quelques semaines déjà mais il n’est pas sorti à ce jour, à cause du confinement… Frédéric Fonteyne était présent et a expliqué son travail, ses recherches, les rencontres avec de vraies prostituées nécessaires à la réalisation de son film. Il a affirmé assumer l’excès, la crudité, la démesure utilisés pour dénoncer l’esclavagisme qui touchent ces femmes et qui est un immense scandale selon lui (et la coréalisatrice, sa compagne). Ce film m’a secouée, tant par le sujet évidemment que par le talent des actrices qui rendent crédible cette histoire qui aurait pu verser dans la seule violence mais qui est aussi empreint de solidarité.

Avez-vous également eu le temps d’aller au cinéma pendant la première quinzaine de mars ? Quels films avez-vous vus ?

Ma revue ciné de février, enfin

Le mois de février est court, certes, mais j’ai pris le temps d’aller au ciné à plusieurs reprises, pour mon plus grand plaisir. Je vous en parle enfin.

J’ai vu Jojo Rabbit de Taika Waititi. C’est l’histoire d’un petit garçon de 10 ans qui s’est inventé un ami imaginaire, à savoir… Hitler… ! Jojo Rabbit habite une petite ville d’Allemagne, pendant la Seconde guerre mondiale et fait partie des Jeunesses hitlériennes qui lui inculquent la haine des livres et le forment au combat. Bien souvent il est pris de peur (d’ailleurs il a hérité de son surnom parce qu’il a échoué à tuer un lapin lors du rituel d’intégration) et invoque alors son ami imaginaire qui viendra le soutenir et l’encourager. Un jour, Jojo Rabbit découvre que sa mère cache une fille juive dans leur grenier, ce qui déchaînera la fureur de son ami… Ce film, sous ses aspects colorés (il m’a fait penser à l’univers de Wes Anderson) oscille entre satire et tragédie de manière assez dérangeante, la dictature étant esthétisée. Mais au final le message s’avère bien humaniste puisqu’il montre toute l’absurdité du régime nazi. J’ai trouvé ce film intéressant par la manière originale et touchante dont il traite le sujet de la 2è guerre mondiale, montrée à hauteur d’enfant.

J’ai aussi vu La dernière vie de Simon de Léo Karmann. Le héros est un orphelin qui rêve d’une famille et qui, surtout, a le pouvoir de prendre l’apparence des gens qu’il touche. Il va révéler ce secret à Thomas et Madeleine avec qui il s’est lié d’amitié et un jour il usera de ce pouvoir dans des circonstances dramatiques, poussant chacun des personnages dans ses retranchements. Si le film démarre comme un conte pour enfants, il devient rapidement inquiétant jusqu’à se terminer en tragédie. Le film invite le spectateur à réfléchir sur le deuil, les conflits moraux, l’amour, le sens de la famille en montrant les tourments causés par la volonté de Simon d’offrir à ceux qu’il aime ce dont la vie les prive. Intéressant !

Et puis j’ai vu La fille au bracelet de Stéphane Demoustier. Lise, 18 ans, est accusée d’avoir tué sa meilleure amie, au lendemain d’une fête d’adolescents. Elle vit donc avec un bracelet électronique jusqu’à son procès. Le film alterne les scènes de vie familiale et les scènes d’audience aux assises où l’accusée apparaît tellement impassible qu’elle en devient inquiétante. On découvre des parents démunis face à leur fille qui est devenue une énigme pour eux, des parents qui se rendent compte qu’ils ne savent pas tout, et de loin, de la vie de leur fille. Malgré leurs doutes et leur souffrance ils croient à l’innocence de Lise dont le procès n’est basé sur aucune preuve irréfutable et qui seule connait la vérité. Cette absence de preuve, en plus des ambiguïtés familiales entretiennent le suspens jusqu’au bout et placent les personnages et les spectateurs dans un malaise profond que la toute dernière image du film ne permettra pas de dissiper, bien au contraire. On a beau avoir eu accès à une vérité judiciaire, la vérité tout court nous échappe et c’est la raison pour laquelle j’ai a-do-ré ce film !

J’ai aussi vu Le cas Richard Jewell de Clint Eastwood. Le film relate l’histoire du vigile qui a signalé la présence d’une bombe à Centennial Park, pendant les JO d’Atlanta en 1996. C’est le portrait d’un homme ordinaire transformé en héros puis en coupable du jour au lendemain. Le zèle de Richard Jewell nourrit paradoxalement le soupçon qui pèse sur lui dans une société où se mêlent dangereusement la puissance de l’Etat et celle des média qui, pour trouver rapidement un coupable, sont prêts à détruire la vie d’un innocent. C’est un grand film sur l’injustice, sur la contradiction entre l’image publique et l’image intime des héros américains, sur la reconnaissance sociale qui pousse certains jusqu’à la folie du fait de la représentation idéalisée qu’ils ont d’eux-mêmes. Je vous recommande ce film, le meilleur de Clint Eastwood depuis bien trop longtemps.

Et pour finir j’ai vu Dark waters de Todd Haynes. C’est l’histoire d’un avocat d’affaires qui va se mettre au service d’un paysan pour démontrer la nocivité des rejets d’un énorme groupe industriels (premier employeur de la région) sur la vie des animaux et sur la population dans son ensemble. Son combat risque de détruire sa carrière, sa famille et même le mettre en danger mais rien n’arrêtera cet avocat engagé à qui seule la vérité tient à coeur. Le film décortique les ressources des géants de l’industrie pour écraser les consommateurs, il met en lumière les rapports de classes, il démontre que les batailles contre les énormes groupes et l’univers de la finance peuvent (parfois) se gagner. Le cynisme des accusés qui comptent sur le découragement des plaignants mais aussi et surtout l’engagement d’un homme au service d’une cause quasi désespérée sont les thèmes forts de ce film d’investigation qui donne à réfléchir et que j’ai adoré.

Je suis ravie d’avoir vu ces films tous très bien réalisés et qui suscitent la réflexion. Les avez-vous vus ? Et aimés ? Et avez-vous des films à me recommander ?

Ma (petite) revue ciné de janvier

Mon année ciné commence doucement, mais sûrement !

J’ai vu Les filles du Docteur March de Greta Gerwig. L’histoire raconte le quotidien de quatre filles dont le père est absent puisqu’il est engagé dans la guerre de Sécession. L’univers du film est très féminin, en effet à ces personnages centraux s’ajoutent ceux de la mère et de la gouvernante. Le film démarre par la scène où Jo l’insolente part à l’assaut de son indépendance par le travail dans un univers où dominent l’argent et la condescendance masculine. On découvre au fur et mesure les aspirations de chacune des filles, leur vision de l’émancipation dans une société américaine paternaliste et leur envie d’épanouissement et de réussite. J’ai aimé cette histoire de femmes (forcément) où se côtoient des caractères différents : la douce et coquette qui rêve du prince charmant, la garçonne qui veut conquérir son indépendance, la fragile qui n’est pas armée pour les épreuves et celle qui est pleine d’assurance. Le film est globalement joyeux, préférant montrer l’intelligence des héroïnes et leur compréhension de la société plutôt que les malheurs qu’elles traversent. Il en ressort une image de femmes fortes, gaies, énergiques et enthousiastes. C’est un film qui prouve à quel point le propos de Louisa May Alcott qui a écrit le roman à la fin du 19é siècle est encore d’actualité… La société évolue, certes, mais pas à la vitesse grand V en ce qui concerne la condition des femmes.

Et puis j’ai vu Un vrai bonhomme de Benjamin Parent. C’est l’histoire de Tom, un ado qui manque de confiance en lui et qui compte sur les conseils de son aîné pour se faire accepter par les camarades de son nouveau lycée. La relation entre les deux frères est fusionnelle et, évidemment, le cadet finira par ne plus y trouver sa place. J’ai aimé ce film sur l’adolescence qui aborde des thèmes variés et graves tels que le passage à l’âge adulte, la virilité,  l’identité, le deuil et la résilience. Il met en lumière un bon duo de jeunes acteurs en misant sur la sensibilité à un âge où il est plus courant de bomber le torse ! Le film montre l’importance de devenir qui on est et de se départir d’une image qui n’est pas la sienne et ainsi devenir une bonne personne.

Avez-vous vu ces films ? Quels sont ceux que vous avez aimés récemment ?

Ma revue ciné de décembre (avec un tout petit retard)

Mon compteur affiche 3 films en décembre, ce qui est plutôt pas mal pour un mois où on s’affaire plus que d’habitude, même quand on ne fait pas de gros préparatifs pour les fêtes. D’ailleurs, vous avez cette impression, vous aussi, que décembre est un mois plus court que les autres, bien qu’il comporte 31 jours ??

J’ai vu Chanson douce de Lucie Borleteau. Le film est l’adaptation du roman de Leïla Slimani que je n’ai pas lu mais dont tout le monde autour de moi m’avait dit du bien. Un bon signe, pensais-je. Le film retrace l’histoire de Louise, une nounou expérimentée en charge de la garde de deux enfants dans une famille dont les parents sont happés par leur travail. Le couple pense avoir trouvé la perle rare en la personne de Louise qui devient quasiment un membre de la famille. Mais peu à peu le comportement de la nounou se révèle inquiétant… pour s’avérer dangereux et finalement criminel. Le film alterne les scènes de jeu et les manipulations qui font grimper la tension et donnent des enfants une image de forte vulnérabilité. Le crescendo vers le drame est inéluctable. Et tellement convenu en fait. Je n’ai pas aimé ce film, vous l’aurez compris. Je l’ai trouvé plat, principalement parce que les personnages ne sont pas suffisamment travaillés. La violence sociale qui existe entre la nounou et ses employeurs et le mépris de classe auraient dû être davantage explorés pour donner à ce film une véritable profondeur et un aspect psychologique plus fort. Une vraie déception… Depuis j’ai entamé la lecture du roman, dont j’attends beaucoup, du coup !

J’ai aussi vu A couteaux tirés de Rian Johnson. C’est l’histoire d’une enquête sur le décès d’un célèbre auteur de polars, Harlan Thrombey, retrouvé mort le soir de ses 85 ans. Mais d’ailleurs, s’agit-il d’un suicide ou d’un meurtre et à qui profiterait le plus le crime ? Un détective est engagé pour élucider l’affaire qui va de fausses pistes en mensonges, au gré d’un enchainement effréné de rebondissements. Les membres de la famille d’Harlan sont tous soupçonnés tour à tour, ainsi que sa jeune infirmière en situation irrégulière. Ce film m’a fait penser au jeu Cluedo. On est dans une atmosphère très 19è siècle, dans un manoir, en présence d’une famille dont chacun des membres ment ou a quelque chose à cacher. Il y a de la malice dans ce film divertissant et intelligent (oui, c’est compatible !) dont les personnages sont impayables (bravo aux coiffeurs et aux costumiers !). J’ai plongé avec délectation dans ce film à énigmes où la suspicion plane du début à la fin. Je suis sortie de cette séance le sourire aux lèvres et le pas léger. En un mot, j’ai a-do-ré ce film !

Et puis j’ai vu Une vie cachée de Terrence Malick. C’est l’histoire vraie d’un paysan et père de famille autrichien qui ne peut pas faire ce qu’il pense être mal et qui refuse de servir dans l’armée nazie. On suit son parcours, de ses questionnements à son engagement total, à son élévation spirituelle. Le film soulève des questions graves et profondes : comment conserver son humanité sous un régime qui la nie ? comment rester sain d’esprit quand les hommes ont cédé à la folie ? Cet homme, dont la conviction a pu vaciller mais qui n’a jamais cédé aux pressions politiques et communautaires est admirable. Et le film est une véritable ode à la liberté et à l’insubordination face aux puissants (armée, Eglise). Le héros (qui a existé) préfère la mort à la compromission et chacun peut se demander s’il fait preuve de sagesse ou de folie… J’ai retenu une phrase forte prononcé par le héros : « La conscience fait de nous des lâches. » à laquelle je pense souvent et qui m’interroge beaucoup. La morale de ce destin est exigeante et admirable, toute comme la réalisation du film qui ne laissera personne indifférent, de par le thème traité mais aussi de par la beauté de la nature qui contraste avec les dogmes et les discours haineux d’alors…

Avez-vous vu ces films ? Lesquels me recommanderiez-vous ?

Ma (petite) revue ciné de novembre

Novembre s’est achevé, il est temps que je vous parle des films qui m’ont attirée dans les salles obscures dernièrement.

J’ai vu Mon chien Stupide d’Yvan Attal. C’est l’histoire d’un écrivain quinquagénaire en mal d’inspiration qui aspire à un peu de solitude car la présence de ses 4 enfants et de sa femme le rend grincheux, l’empêche, croit-il, d’accéder au bonheur et révèle chaque jour un peu plus sa frustration. L’intrusion d’un énorme chien, un soir d’orage, va accentuer la crise au sein du foyer mais l’écrivain va s’attacher à l’animal qu’il finira par adopter et même par adorer, au grand dam du reste de la famille qu’il sacrifie au passage. Mais sous ses airs d’ours mal léché, le héros se révèle avoir un grand cœur. La mauvaise foi et le cynisme du personnage principal font de cette comédie douce-amère sur le couple et la famille un film attachant rempli d’émotions qui parlera à quiconque connait la mélancolie et s’attache aux souvenirs qui protègent de l’avenir incertain. J’ai beaucoup aimé ce film intelligent qui traite de nombreux sujets de manière grinçante ; il est rare qu’un film soit à ce point politiquement incorrect et qu’est-ce que ça fait du bien de voir ça ! Ras-le-bol de la famille, désamour, fuite et usure du temps, tels sont les thèmes qui interpellent le spectateur et le fait passer du rire aux larmes et pourquoi pas se remettre en question.

Et puis j’ai vu Le traître de Marco Bellocchio. C’est l’histoire d’un mafieux repenti qui a dénoncé ses anciens « collègues » de Cosa Nostra et provoqué un gigantesque procès dans les années 80. Le film oscille entre le film politique et le film sur la famille. La famille est ici élargie au clan, évidemment, mais le film montre aussi la cellule familiale dans sa forme classique. On suit sur plusieurs décennies le parcours de Buscetta, un homme d’honneur devenu une balance mais qui a toujours tranché entre sa famille et les valeurs du milieu. Les ingrédients incontournables d’un film sur la mafia sont là : la guerre entre parrains, les règlements de comptes, l’état de terreur, la parole d’allégeance au milieu qui engage à la vie à la mort, etc… Il est question d’honneur, de loyauté, de trahison, de justice, des concepts qui ont un sens ambivalent dans un univers où le bien et le mal se jouent de la conscience morale. Au fil de son parcours, le repenti rencontre le célèbre juge antimafia Falcone, le mettant autant en danger que lui-même puisque sa tête sera également mise à prix. Les scènes violentes sont nombreuses (évidemment) mais on s’attache aux personnages et particulièrement à Buscetta dont la personnalité complexe est d’une richesse infinie, tellement contradictoire et étonnamment, tellement humaine aussi. J’ai adoré ce film impressionnant qu’il faut absolument voir en VO et que je vous recommande chaudement.

Avez-vous vu ces films ? Lesquels me conseillez-vous ?

Ma revue ciné d’octobre (avec un tout petit peu de retard)

En octobre j’ai adoré aller au ciné le lundi soir, directement après le boulot, sans passer par la case maison. Histoire de bien commencer la semaine !

J’ai vu Tu mérites un amour d’Hafsia Herzi. C’est l’histoire d’une rupture amoureuse, d’une jeune femme inconsolable qui ne se résout pas à la solitude… d’autant moins que son ex lui laisse entendre, alors qu’il est à des milliers de kilomètres, que tout n’est peut-être pas fini entre eux. Pour supporter cette épreuve, l’héroïne peut compter sur la présence joyeuse de ses amis toujours prêts à discuter, à danser et à rire. Mais en réalité la jeune femme s’égare… Elle a perdu cette insouciance qui caractérise ceux qui sont vraiment dans la vie. Elle se laisse happer par la souffrance, elle s’y complaît aussi, parce qu’avoir mal lui prouve qu’elle existe. Cette douleur est rassurante pour elle qui ne peut envisager l’avenir puisque son passé n’existe plus. J’ai aimé cette une plongée dans l’égarement amoureux, dans la toxicité de la relation avec l’être aimé. Cette douleur dont on ne veut pas se séparer parce qu’elle est liée à une personne particulière, je l’ai connue, je la connais. Je me suis trouvé une proximité avec l’héroïne de ce film qui m’a profondément touchée. La tristesse du désamour est tellement belle et détestable à la fois, tellement universelle aussi que chacun pourra trouver dans ce joli film un message émouvant.

J’ai aussi vu Alice et le maire de Nicolas Pariser. Le film raconte la rencontre du maire de Lyon et d’une jeune diplômée sur qui il compte pour l’aider à donner un souffle nouveau à sa carrière politique. La jeune fille a pour mission de stimuler intellectuellement le maire dans un monde où les mots sont vidés de leur sens et dont les codes conduisent à un raisonnement convenu. Les dialogues entre le maire et sa jeune assistante permettent à l’élu de redécouvrir avec entrain la philosophie et soulignent avec ironie la vacuité des discours politiques et l’impuissance de nos dirigeants. Finalement, l’homme fatigué et usé sera sauvé par la jeune femme qui aura su lui faire retrouver le vrai sens de la vie, faite de renoncements et de modestie qui s’avèrent parfois salutaires. J’ai aimé ce film tout en nuances, rempli de douceur dans un univers qui en manque cruellement.

Puis j’ai vu Papicha de Mounia Meddour. L’histoire se passe à Alger en 1990. Nedjma, une étudiante passionnée de stylisme confectionne et vend des robes en dehors des cours. Elle s’amuse avec ses copines, en boîte ou à la plage. Mais la guerre civile éclate, avec son lot d’attentats et de menaces envers les femmes qui ne se voilent pas. A la suite d’un drame personnel, la jeune fille décide de résister en organisant un défilé de mode dans l’enceinte de la cité universitaire. Le film raconte avec optimisme le combat contre l’oppression du corps féminin par les fondamentalistes islamistes. Il dresse le portrait d’une jeunesse bâillonnée mais résolue à ne pas perdre sa vitalité et éprise de liberté. J’ai beaucoup aimé ce film qui met l’accent sur la vie, la détermination et la joie dans un contexte historique on ne peut plus sombre. Un film solaire, malgré tout.

Et puis j’ai vu Sorry we missed you de Ken Loach. C’est l’histoire d’un homme qui pense avoir trouvé le bon boulot. Il aurait les avantages d’être à son compte et donc d’organiser son travail comme il l’entend. Rapidement ce père de famille réalise qu’il n’est qu’un pion dans un système ultra libéral qui broie les meilleures intentions. Les difficultés au travail ressurgissent sur sa vie privée et dégradent ses relations avec sa femme et ses enfants. Tous les travers de la transformation du travail et de la déshumanisation de la société moderne sont dénoncés dans ce film sombre et bouleversant. L’économie uberisée et la violence qui en découle sont des marqueurs forts du film ; violence du monde du travail, certes, mais aussi violence familiale. Le héros se bat pour que le dernier rempart qu’est sa famille ne s’effrondre pas mais sa condition de travailleur précarisé, exploité 6 jours sur 7 lui laisse bien peu de temps pour prendre soin de ceux qu’il aime… Ce film m’a beaucoup touchée. Ce mélodrame réaliste anglais est très fort (comme l’est Ken Loach dans son art).

Bonne pioche au mois d’octobre et les sorties annoncées pour le mois de novembre nous promettent d’autres belles échappées dans les salles obscures.

Et vous, vous avez vu de bons films dernièrement ? Et quels sont ceux qui vous font de l’oeil ?