Debout-payé de Gauz

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En décembre, j’ai eu la chance de rencontrer Gauz chez Soif de Lire, pour la présentation de son premier roman.

Debout-payé nous emmène dans l’univers des vigiles, un univers où la communauté ivoirienne est très représentée. On y découvre le mode de pensée d’un vigile, sa manière de considérer son travail, d’imaginer des intentions aux clients qui fréquentent les boutiques dont il assure la surveillance, de noter des détails insignifiants et d’échafauder des histoires s’y rapportant, etc… Au-delà de ce qu’on pourrait considérer comme des anecdotes on sent la précarité et la dureté de la vie de cet homme, on perçoit ses doutes, on apprend à quoi il rêve.

Ce roman est aussi une leçon d’histoire. Il y est question du rapport entre l’Afrique et la France. Il est y question de la colonisation qui a imposé le pain en Afrique. Rien que pour ce passage ce roman mérite d’être lu ! Il y est également question de la politique menée à l’égard des Africains qui sont venus en France depuis les années 60, de la création de la carte de séjour par Giscard à l’après-11 septembre. Cette histoire se décompose en 3 temps : l’âge de bronze, l’âge d’or et l’âge de plomb.

J’ai aimé la structure originale de ce roman dont le récit littéraire est entrecoupé de vraies notes mémorisées par le héros dans les magasins. J’ai aimé ce mélange de petites histoires et de la grande Histoire.

Gauz nous a expliqué que son roman offre une double lecture, l’une pour ses amis de Paris, l’autre pour ceux d’Abidjan. Il nous a aussi raconté son arrivée en France, qu’il a commencé la rédaction de son roman ici et qu’il l’a terminée en Côte d’Ivoire, alors que son quartier avait été bombardé par l’armée française… Il nous a parlé de la distanciation par le rire dont sont capables les Africains.

Et pour finir il a insisté sur le fait que la plus grande société de sécurité au monde est l’intelligence, que l’intelligence protège de la bêtise. Ses mots ont une résonance toute particulière après ce que la France a vécu il y a quelques jours…

Décidément Gauz est un génie, un génie d’humanité et de savoir. Je ne peux que très chaudement vous recommander son premier roman. Une vraie réussite !

Ce que dit la 4è de couverture : « Debout-payé est le roman d’Ossiri, étudiant ivoirien devenu vigile après avoir atterri sans papier à Paris en 1990. C’est un chant en l’honneur d’une famille où, de père en fils, on devient vigile à Paris, mais aussi en l’honneur d’une mère et de la communauté africaine avec ses travers, ses souffrance et ses différences. C’est l’histoire politique d’un immigré et de son regard sur notre pays, à travers l’évolution du métier de vigile de la Françafrique jusqu’à l’après 11-Septembre. C’est enfin le recueil des choses vues et entendues par l’auteur lorsqu’il travaillait comme vigile au Camaïeu de Bastille et au Sephora des Champs-Elysées. Une satire à la fibre sociale et au regard aigu sur les dérives du monde marchand contemporain, saisies dans ce qu’elles ont de plus anodin – et de plus universel. »