Ce roman confronte deux époques, deux hommes, deux philosophies, deux mondes. D’un côté il y a Spinoza, le penseur juif excommunié pour ses thèses selon lesquelles Dieu n’existe qu’en tant qu’idée philosophique. De l’autre il y a Alfred Rosenberg qui a fixé les fondements idéologiques du parti nazi, dont l’extermination des juifs d’Europe.
La construction du roman nous fait passer d’un personnage à l’autre, chapitre après chapitre. On peut ainsi suivre en parallèle l’évolution des deux hommes, de l’origine de leurs pensées à la fin de leurs vies.
Spinoza se questionne sur les buts dans la vie, dit qu’il faut délivrer son esprit de l’influence des autres, nie l’origine divine de la Torah, accuse les juifs d’idolâtrie, transforme la raison en passion.
Rosenberg qui souffre d’un sentiment de non-appartenance est à la recherche de la figure du père. Il est prétentieux, peu aimant, peu aimable, indifférent, maîtrise ses sentiments. Il considère que s’ouvrir aux autres constitue une menace. Et il a admire Goethe, la fierté du peuple allemande qui lui-même admire… Spinoza dont il se convainc qu’il n’est pas juif !
J’ai aimé ce roman qui fait passer le lecteur de l’esprit des Lumières à l’obscurantisme le plus noir. J’ai aussi aimé me plonger dans l’intrigue qui se déroule à Amsterdam, à Munich et à Berlin, des villes que je connais et que j’apprécie. Et j’ai trouvé la structure de ce roman très originale, mêlant à merveille l’histoire et la fiction.
Ce que dit la 4è de couverture : « Amsterdam, février 1941. Le Reichleiter Rosenberg, chargé de la confiscation des biens culturels des juifs dans les territoires occupés, fait main basse sur la bibliothèque de Baruch Spinoza. Qui était donc ce philosophe, excommunié en 1656 par la communauté juive d’Amsterdam et banni de sa propre famille, pour, trois siècles après sa mort, exercer une telle fascination sur l’idéologue du parti nazi ? »