A l’écoute d’un écrivain

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J’aime lire. J’aime aussi écouter les écrivains parler de leurs romans, de leurs personnages, de leur inspiration. Même ceux dont je n’ai lu aucun livre.

Alors l’autre soir, en guise de cadeau d’anniversaire de moi à moi, je me suis offert un moment avec un écrivain, Grégoire Delacourt pour ne pas le nommer. Mais si, vous savez, l’auteur de La liste de mes envies.

Il était à Strasbourg pour présenter son nouveau roman, Danser au bord de l’abîme, qui nous interroge sur la puissance du désir, sur le désir lui-même.

L’héroïne a apparemment tout pour être heureuse, un mari, le confort matériel, des enfants. Oui mais voilà, elle aspire à autre chose, elle a envie d’échapper à elle-même. Elle a envie d’un vertige, elle a envie de se jeter dans le vide. Elle veut goûter à la beauté de la liberté. Pour ce faire elle quitte des gens qu’elle aime, elle dit oui, un oui qui libère, contrairement au non si simple et commun qui l’enferme dans quelque chose de raisonnable que la société lui impose.

Ce roman montre l’importance de l’instant présent, il est aussi un hymne à la magie du désir, deux thèmes qui m’intéressent beaucoup. Il nous incite à apprendre à être heureux, à ne pas nous enfermer dans des situations qu’on pense immuables, par confort ou par paresse. Par peur aussi.

J’ai aimé écouter Grégoire Delacourt, j’ai aimé la verve, l’humour et la légèreté avec lesquels il aborde la vie, ses joies et ses peines.

Le boucher d’Alina Reyes

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Je démarre mon année littéraire avec un roman érotique. Une fois n’est pas coutume !

L’histoire est simple. Au cours d’un été une étudiante des Beaux-Arts occupe un emploi de caissière dans une boucherie et y côtoie un homme qui parle de sexe toute la journée. Il chuchote à l’oreille de la jeune fille, fait naître et monter le désir en lui et en elle, jusqu’au passage à l’acte. Passage à l’acte qui est magnifiquement évoqué par le biais d’une scène sous la douche, à la fois tendre, pleine de désir et bestiale.

Ce roman est court et se lit très rapidement. L’écriture, à la fois crue et pleine de poésie a quelque chose d’envoûtant. Les sensations ainsi que la complexité et la violence du désir et de l’amour sont parfaitement évoquées et toujours sans vulgarité. La délicatesse n’est jamais loin, même dans les passages les plus explicites.

J’ai aimé le contexte qui mêle chair humaine et chair animale. Il est porteur d’une esthétique charnelle incontestable et accentue les sensations de vie et de mort.

Ce que dit la 4è de couverture : « La chair du boeuf devant moi était bien la même que celle du ruminant dans son pré, sauf que le sang l’avait quittée, le fleuve qui porte et transporte si vite la vie, dont il ne restait ici que quelques gouttes comme des perles sur le papier blanc. Et le boucher qui me parlait de sexe toute la journée était fait de la même chair, mais chaude, et tour à tour molle et dure ; le boucher avait ses bons et ses bas morceaux, exigeants, avides de brûler leur vie, de se transformer en viande. Et de même étaient mes chairs, moi qui sentais le feu prendre entre mes jambes aux paroles du boucher. »